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Réponse au Préfet de l’Orne

Dans un récent article du Journal de l’Orne, la Préfecture réaffirme son soutien au projet de caméras de vidéosurveillance à Putanges le Lac.
Voici notre réponse au Préfet de l’Orne et les raisons de notre recours devant le tribunal administratif contestant sa décision.

La sécurité dans le Département.

Cette prise de position n’est pas étonnante vu que Sébastien Jallet a mis la sécurité en avant lors de sa prise de fonction dans le département il y a un an.
Nous tenons à lui rappeler que la délinquance à Putanges Le Lac était déjà nulle avant son arrivée, et tout porte à croire qu’elle sera encore nulle, avec ou sans caméras de surveillance, quand il repartira.
Plutôt qu’un soutien à l’installation de caméras, nous aurions préféré un soutien à la démocratie locale, en expliquant à la municipalité, textes de loi à l’appui, que demander l’avis de la population ne constitue pas une hérésie, surtout quand il s’agit de projets portant atteinte à la liberté de chacun.

Les conflits d’intérêts.

Il est avéré que Monsieur Vincent Peru, dirigeant de la société VideoConcept, siège à la Commission départementale des systèmes de vidéoprotection, instance conseillant le Préfet pour valider les projets de vidéosurveillance avant autorisation.
Or, cette même personne, via sa société, a été mandatée par la commune de Putanges le Lac pour concevoir le système de vidéoprotection. Il a été rémunéré pour cette mission à hauteur de 10.000 Euros en 2021.
Comment oser demander à un marchand de la surveillance généralisée de siéger dans une commission qui a pour rôle essentiel d’éviter les dérives quant aux libertés publiques et en l’occurrence de refuser des installations disproportionnées ???
En la matière, c’est justement ce qu’il vient de conseiller comme investissement à la commune de Putanges le Lac.
Autre sujet assez troublant dans ce dossier, il s’agit de la rédaction de la demande d’autorisation envoyée à la Préfecture de l’Orne par la Mairie, dépeignant Putanges le Lac comme le “Far-West de la France.
La pertinence de la métaphore saute aux yeux en effet, la commune étant décrite comme une zone de non droit ou vous pouvez à tout moment être assassiné de sang froid.
Nous suspectons Monsieur Péru d’en être l’auteur, vu la méconnaissance manifeste des réalités locales du rédacteur. Pour seul exemple, l’utilisation du terme Police Nationale” dans le document, alors que Putanges le Lac est en zone de Gendarmerie Nationale.
Aucun conseiller municipal n’aurait commis cette erreur.
Nous pensons que ce conflit d’intérêt est symptomatique du lobbying des sociétés de technosurveillance qui pénètrent jusque dans les gendarmeries et commissariats de police.
D’ailleurs comment se fait-il que Monsieur Péru est arrivé à la réunion d’information organisée à Putanges au mois de juin dernier en voiture de gendarmerie ?
Même s’il ne s’agissait que de covoiturage, ce dont nous doutons, cela laisse perplexe fût-il spécialiste en vidéosurveillance.

Le futur de la vidéosurveillance ???

La préfecture indique dans l’article sus-cité que Monsieur Péru siège « par ailleurs dans la même commission dans le Val-d’Oise ».
Notons que le déploiement de la vidéosurveillance dans ce département est encore plus inquiétante que dans l’Orne. En effet, va ouvrir en juillet 2023 un centre de supervision départementale, où pourront être visionnées toutes les caméras du département.
Vu leur nombre, on peut facilement imaginer que quelques mois après l’ouverture, le “Spécialiste” qui siège à la commission préconisera le recours à la Vidéosurveillance automatisée, voire à la reconnaissance faciale pour pouvoir traiter le volume de données
Et très bientôt ce “Spécialiste” qui aura vendu ses services suggérera la mise en place de la vidéo-verbalisation pour compenser les coûts exorbitants de ces infrastructures. Ceci n’est qu’un aperçu très probable de notre futur dans l’Orne, livrés que nous sommes aux bons offices du “Spécialiste” du Val d’Oise.

Les autres points de l’autorisation préfectorale.

Nous rappelons aussi les autres points qui auraient dû empêcher l’autorisation préfectorale de ce déploiement de caméras à Putanges le Lac :
  • L’absence de criminalité
  • La disproportion du système de surveillance préconisé au regard du coût d’investissement (200 000 €) face au coût annuel des “dégradations” (7 000 € estimé par la Mairie) et au coût annuel de la maintenance (que nous avons estimée entre 10 et 15 000 €).
  • l’inutilité factuelle de la vidéoprotection pour les finalités retenues par la Mairie.
  • Un autre point que nous aurions pu attaquer est l’absence d’A.I.D.P(*), comme le documente la CNIL, et qui aurait dû sauter aux yeux de la commission.

La conclusion.

Pour conclure, les beaux discours n’y changeront rien.
Ce projet de vidéosurveillance n’améliorera pas la sécurité à Putanges le Lac, n’améliorera pas la vie des habitants, et ne va apporter ni prospérité ni bonheur dans la commune. Il cultivera plutôt le sentiment de peur et la suspicion à l’égard de son prochain, tout en coûtant “les yeux de la tête” pour reprendre le dessin de PEF.
Réponse au Préfet de l'Orne
Dessin VEP by PEF