Le Collectif
Quel est l’historique du collectif ?
En mars 2022, lors d’un débat entre citoyens sur un tout autre sujet, une personne présente annonce que la ville de Putanges le Lac veut déployer un système de vidéosurveillance disproportionné. Toute l’assistance est étonnée, car la plupart des personnes présentes sont habitants de Putanges le Lac, personne ne semblait réellement au courant.
Après vérification des comptes rendus du conseil municipal, nous nous apercevons en effet que le projet est bel et bien là, et a été voté d’une manière qui nous paraît pour le moins étrange. Nous nous sommes aperçu aussi que très peu de personnes étaient au courant : l’information a été diffusée dans un petit article dans la presse locale, et une phrase concise dans le mot du maire du bulletin Municipal.
Après une prise de contact avec des représentants et des élus de la Mairie, il nous semble évident qu’aucun dialogue n’est possible en l’état, ni même une concertation. Décision est prise alors d’alerter nous-mêmes les habitants de ce qui se passe dans leur commune et de créer un collectif citoyen.
Quelles sont les valeurs du collectif ?
Le collectif prône des valeurs de partage, de vivre ensemble, d’épanouissement de chacun dans la société.
Nous défendons l’écologie et la transition raisonnée nécessaire à la société actuelle et future.
Nous avons la culture du débat, de l’horizontalité, de l’autogestion, et cultivons respectueusement nos différences.
Nous faisons le pari de l’intelligence collective, de la bienveillance. Nous prônons la sauvegarde du bien commun avant le profit individuel.
Nous sommes pour une démocratie participative citoyenne, et une transparence totale des institutions.
Nous pensons que c’est uniquement dans ces conditions que l’humanité pourra perdurer de manière libre, heureuse et responsable.
Le collectif fait-il de la politique ?
Oui, le collectif fait de la politique dans son sens premier et noble : celui de discuter et s’intéresser à la “chose” publique, à sa gouvernance.
C’est cette politique que nous faisons tout le temps, sans nous en rendre compte, en discutant de notre société avec notre voisin, notre collègue, notre ami, en écoutant un concert engagé, en regardant un documentaire, une conférence, en participant à un débat…
Cette politique que nous faisons en réfléchissant à notre société, nos institutions, nos valeurs, notre citoyenneté…
Le collectif est-il affilié à un parti politique ?
Non, le collectif n’est lié, ne soutient et n’est soutenu par aucun parti politique, et s’y refuse en tant que groupe.
Combien de personnes composent le collectif VEP ?
Étant un collectif de fait, sans adhésion et sans statut juridique, aucun registre des membres n’est tenu. Il est donc impossible de répondre à cette question, sachant que chacun peut se dire membre du collectif.
Comment est organisé le collectif VEP ?
Nous utilisons notamment la messagerie chiffrée Signal Private Messenging pour communiquer entre nous. Les canaux sont ouverts.
Pour faciliter la prise de décision, nous utilisons l’application libre Loomio.
Il existe aussi une mailing list ainsi qu’une page Facebook : https://www.facebook.com/vivreensembleputanges/ et Instagram. (Enfin nous avons notre propre site internet : https://vivre-ensemble-putanges.info/)
Quel est le statut juridique du collectif VEP ?
Le collectif n’a aucun statut juridique, et a juste une existence de fait. Nous n’avons pas besoin d’une labellisation quelconque pour exprimer notre esprit critique et nos propositions, le statut de citoyen nous le garanti.
Notre existence en temps qu’être conscient devrait suffire à garantir une légitimité à l’autodétermination.
Pourquoi ne pas donner vos noms publiquement ?
Nous avons décidé de mettre en avant le collectif plutôt que les individus. Nous privilégions le débat et les décisions collégiales, et cultivons l’horizontalité. Toutes nos communications sont donc faites démocratiquement au nom du collectif.
Comment rejoindre ou aider le collectif VEP ?
Vous pouvez nous retrouver sur les évènements et manifestations organisés et venir à nos rencontres qui ont lieu régulièrement.
Pour être tenu informé de ceux-ci, envoyez un e-mail à l’adresse contact@vivre-ensemble-putanges.info, et nous vous ajouterons à la mailing list.
Êtes vous en relation avec d’autres collectifs ou associations ?
Oui, nous sommes soutenus par les associations La Quadrature du Net et La Ligue des Droits de l’Homme pour les associations nationales.
Concernant les collectifs similaires, nous sommes en contact avec les collectifs “Ploërmel sans vidéo” (56) et “Vallon Contre Caméras” de Marcillac-Vallon (12), ” de Planfoy (42), dont certains ont eu des victoires importantes contre des projets similaires.
Nous pouvons noter aussi Fréquence Commune, qui aide les collectifs et collectivités s’inscrivant dans une démarche de démocratie participative.
Voulez-vous faire une liste pour les prochaines ELECTIONS municipales ?
Non, ça n’est pas le but immédiat. Nous sommes indignés contre un projet sociétal imposé sans aucune consultation des habitants, qui n’a pas été discuté en commission, a été voté sous la contrainte, et dont les contours sont de plus en plus douteux au fur et à mesure que l’on creuse…
Ce projet a mis aussi en lumière l’absence totale de démocratie locale : un petit groupe d’élus décide de tout, et beaucoup d’autres suivent, souvent par idéologie, sans poser de questions. Leurs décisions peuvent pourtant avoir des conséquences importantes sur la vie des habitants de Putanges le Lac, comme ce projet de vidéosurveillance.
Pourquoi signez vous “On lâche rien” ?
Plusieurs raisons à cette phrase, qui vient généralement conclure nos communications :
– Dès la création du collectif, nous sommes opposés à toute installation de caméras. Aucun compromis n’est possible là dessus.
– C’est un clin d’œil à la chanson de HK & Les Saltimbanks, du même nom.
Le projet de caméras de vidéosurveillance à Putanges Le Lac
Quel est l’historique du projet ?
La première trace publique du projet date du conseil municipal du 6 décembre 2021, lors duquel est votée une étude réalisée par la société Vidéo Concept.
Lors du conseil municipal du 31 janvier 2022, le projet est présenté pour un montant total de 198 153,60€ HT. La phase 1 est votée en urgence, pour un montant de 92 990,60€ HT, officiellement car le lendemain, la demande de subvention devait être déposée.
Nous pensons que cette urgence était uniquement dans le but de limiter les débats, et de forcer un vote favorable des conseillers. Cela a eu l’effet escompté, puisque le projet est adopté à l’unanimité. Plusieurs conseillers, pourtant expérimentés, nous ont confiés avoir le sentiment de s’être fait berner sur ce vote.
Pourquoi parlez-vous toujours de Vidéosurveillance et non de vidéoprotection ?
Le terme vidéo protection a commencé à être utilisé en 2011 dans les textes officiels sous la présidence de Nicolas Sarkozy, et fait partie de la “novlangue” pour donner un aspect plus acceptable au fait d’être surveillé en permanence.
Il a été choisi délibérément pour inspirer une image moins intrusive de l’utilisation de caméras de surveillance. Le terme de vidéo protection est un terme au final plus marketing qu’autre chose. C’est pourquoi nous parlerons ici, à dessein, de vidéo surveillance, puisqu’il s’agit à nos yeux du terme approprié.
Selon le ministère de l’Intérieur, lors du vote de la loi Loppsi 2, « le mot de “vidéosurveillance” est inapproprié car le terme de “surveillance” peut laisser penser à nos concitoyens, à tort, que ces systèmes pourraient porter atteinte à certains aspects de la vie privée. Dès lors, il y a lieu de remplacer le mot “vidéosurveillance” par le mot “vidéoprotection”, qui reflète plus fidèlement tant la volonté du législateur que l’action conduite en faveur de nos concitoyens. »
Quelles entreprises ont répondu a l’appel d’offre ?
Il n’y a pas eu d’appel d’offres à notre connaissance, et nous n’avons à ce jour pas d’informations sur les entreprises retenues. En effet, le budget de moins de 100 000 € pour la première phase permettrait d’éviter cette procédure. Il semble qu’il est prévu de faire de même pour la seconde phase. Rappelons tout de même que sans procédure imposée d’appel d’offre, une mise en concurrence est toujours d’usage dans nos institutions publiques.
Nos observations sur le terrain ont montré la présence sporadique de WiConnect, société susceptible de réaliser tout ou partie de l’installation. Cette société appartient à Thibaut Pelleray, fils de Alain Pelleray, lui même directeur de cabinet du Président du conseil départemental de l’Orne, et semblant posséder des parts de cette société.
Il semblerait aussi qu’un certain nombre de travaux déjà entamés et en relation avec le projet de vidéosurveillance aient déjà eu lieu, en utilisant le budget de fonctionnement plutôt que le budget d’investissement. La municipalité reste très évasive sur ce sujet.
Quel est le budget du projet de vidéosurveillance ?
Le budget estimé est de 198 153,60€ HT d’après le compte rendu du conseil municipal du 31 janvier 2022. Le coût de la première phase est de 92 990,60€ HT.
Il est argumenté que le coût pour la commune est de 46 495,30€ HT, soit 50% de cette somme. Seulement, cela ne couvre que le coût de la première phase, et la somme restante, même si elle n’est pas prise sur le budget de la commune, reste de la subvention, et donc de l’argent public d’État, venant aussi de nos impôts. De plus, la subvention demandée est la DETR, Dotation d’Équipement des Territoires Ruraux. Les attributions pour cette subvention sont très larges, et peuvent servir pour bien d’autres projets plus vertueux.
Plaquette DETR 2022 : http://www.orne.gouv.fr/IMG/pdf/2_plaquette_2022_cle1ce29c.pdf
Quels sont les frais de fonctionnement pour ce système de vidéosurveillance ?
Nous n’avons pas d’information officielle sur ce sujet à ce jour. Au regard, d’autres projets similaires, nous avons évalué ce coût entre 25 000 et 30 000 € par an.
Si nos chiffres sont bons, rien que les coûts de fonctionnement permettraient de salarier une personne au SMIC à temps plein sur la même période, et de générer de l’emploi sur la commune.
M. Le Maire nous a indiqué que ce budget est grandement surestimé, et table sur 4% de la facture totale, soit environ 8 000 € par an. C’est actuellement plus que le coût annuel des dégradations constatées sur la commune de Putanges le Lac d’après la mairie.
Quels sont les arguments avancés par la mairie pour la nécessité de réaliser ce projet de vidéoSURVEILLANCE ?
A ce jour, nous n’avons pas d’explication officielle, autre que les finalités prévues dans la demande d’autorisation préfectorale accordée le 25 mars 2021 qui sont :
– Sécurité des personnes,
– Prévention des atteintes aux biens,
– Protection des bâtiments publics,
– Lutte contre les dépôts sauvages de déchets.
Lors de discutions non officielles avec des élus, il nous a été remonté des dégradations mineures et des “incivilités” qui se sont déroulées ces dernières années :
– Cannettes et sacs poubelles à côté de poubelles pleines
– Camping-car mal stationné
– Tags
– Dégradations de toilettes publiques
– Bruits de mobylettes
– Dégradation mineure d’un jeu pour enfants.
Les caméras vont-elles solutionner ces problèmes ?
Toutes les études indépendantes montrent qu’il n’y a aucune relation entre une baisse de la criminalité et l’installation de la vidéosurveillance.
Quelques sources :
Rapport de la cour des comptes sur la Police Municipale, https://www.ccomptes.fr/system/files/2020-11/20201020-rapport-polices-municipales_0.pdf
“aucune corrélation globale n’a été relevée entre l’existence de dispositifs de vidéoprotection et le niveau de la délinquance commise sur la voie publique, ou encore les taux d’élucidation”
La Gendarmerie nationale (CREOGN) a commandé une étude sous la direction du Dr Guillaume Gormand, « Évaluation de la contribution de la vidéoprotection de voie publique à l’élucidation des enquêtes judiciaires », Rapport final d’étude – Synthèse des travaux, sept. 2021, disponible ici :
https://creogn.centredoc.fr/index.php?lvl=notice_display&id=37787 et ici : https://www.lagazettedescommunes.com/telechargements/2021/12/synthese-detude-v1.pdf
La conclusion de la synthèse de cette étude est éloquente :
— Les enregistrements de vidéoprotection contribuent à la résolution d’enquête judiciaire, en apportant des indices ou des preuves, mais dans des proportions particulièrement ténues (environ 1 % des enquêtes étudiées).
— Les indices et preuves issues des enregistrements de vidéoprotection se révèlent trop mesurés pour influencer globalement le niveau d’élucidation judiciaire sur un territoire, peu importe la configuration ou la thématique étudiée.
— Malgré un plébiscite dans les discours, les enquêteurs ne semblent pas véritablement consacrer les enregistrements de vidéoprotection comme une ressource incontournable dans leur travail d’investigation au quotidien.
“les décodeurs” du journal Le Monde “La vidéosurveillance est-elle efficace ?”, https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2018/05/17/la-videosurveillance-est-elle-efficace_5300635_4355770.html,
le nombre d’affaires résolues à l’aide de caméras se situe entre 1% et 3%
CNIL : Des caméras au village : https://linc.cnil.fr/sites/default/files/atoms/files/linc_-_les_cameras_au_village_-_vf.pdf
“Vous êtes filmés !”, Laurent Mucchielli : https://livre.fnac.com/a11298932/Laurent-Mucchielli-Vous-etes-filmes-Enquete-sur-le-bluff-de-la-videosurveillance
Il faut citer l’excellent travail de David Torondel, qui a analysé les discours de mairie et les évolutions de la criminalité sur des communes à peine plus grandes que Putanges suite à l’installation de caméras. Les conclusions sont que malgré des discours positifs de la mairie, les chiffres montrent que les caméras n’ont eu généralement aucun impact sur l’évolution des délinquances.
“Analyse d’efficacité de la vidéosurveillance”, David Torondel : http://www.15h52.net/videosurveillance/
Tout porte à croire donc que les problèmes rencontrés ne seront pas solutionnés par les caméras. Dans le meilleur des cas, il sera déplacé ailleurs, incitant la municipalité à déployer de nouvelles caméras en d’autres emplacements.
Comment la municipalité a-t-elle dimensionné le projet ?
Un audit a été réalisé par la société Video Concept, cabinet soit disant spécialisé sur le sujet.
Si cet audit a été réalisé et qu’il préconise un tel nombre de caméras, c’est que c’est sûrement justifié ?
D’une part, la société qui a fait l’audit est juge et partie : non seulement elle a fait l’audit à Putanges et dans beaucoup de communes de l’Orne, mais elle siège aussi à la commission départementale de vidéoprotection, qui donne les autorisations de déploiement. N’y aurait-il pas conflit d’intérêt?
M. Péru, gérant de Vidéo Concept qui a fait l’étude à Putanges, était présent lors de la réunion d’information publique de Juin 2022. Il est arrivé avec la gendarmerie. Il semblerait qu’il fasse partie du lobby techno-sécuritaire qui pousse à l’installation de caméras partout en France.
Dans le département de l’Oise, où M. Peru siège aussi à la commission départementale de vidéoprotection, la totalité des images captées par les caméras de tout le département sont en train d’être centralisées dans un unique point, et analysées par la VSA (Vidéo Surveillance Algorithmique). Les opérateurs qui regardent les images en temps réel sont orientés par des algorithmes d’intelligence artificielle vers les “comportements louches ou suspects” .
D’autre part, tous les projets que nous avons pu voir sur le département, y compris celui de Putanges, sont totalement surdimensionnés.
En effet, la loi impose d’apporter des réponses proportionnées par rapport aux problématiques soulevées. La municipalité de Ploërmel a par exemple dû retirer ses caméras suite à une décision du tribunal administratif, annulant l’autorisation préfectorale. Le projet de Ploërmel était pourtant proportionnellement plus réduit que celui de Putanges Le Lac.
Enfin, il semble assez étrange de préconiser une densité de caméras par habitant supérieure à ce qui se fait dans les banlieues de grandes villes, où la criminalité y est pourtant très importante : En 2018, Les “quartiers nord” de Marseille comptent 250 000 habitants, pour 175 caméras, soit 1 caméra pour 1428 habitants. Pour Putanges le Lac, le projet part sur 21 caméras pour 2140 habitants, soit 1 caméra pour 101 habitants. Et si on prend uniquement Putanges Pont Ecrepin, et ses 15 caméras pour 940 habitants, on tombe à 1 caméra pour 63 habitants, soit une densité de caméras 14 fois supérieure à Marseille !
Sources pour Marseille : https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/le-vrai-du-faux/delinquance-y-a-t-il-moins-de-cameras-dans-les-quartiers-nord-de-marseille-qu-a-tourcoing-comme-le-dit-gerald-darmanin_4704615.html et https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/expliquez-nous/expliquez-nous-les-quartiers-nord-de-marseille_1789491.html
Enfin, la cour administrative d’appel de Nantes (CAA Nantes, 9 novembre 2018) a déjà jugé qu’un dispositif de 40 caméras extérieures réparties dans 25 lieux, autorisé dans la commune de Ploërmel, 9 837 habitants en 2017 selon l’INSEE, était disproportionné.
Le projet de la mairie Putanges Le Lac est donc illégal :
Suivant les articles L. 251-2 et L. 252-1 du code de la sécurité intérieure, un dispositif de vidéosurveillance pris sur le fondement des articles L. 251-1 et suivants du code de la sécurité intérieure constitue une mesure de police administrative qui doit être nécessaire et proportionnée à la préservation de l’ordre public : https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000041599395/
Les articles 4 et 8 de directive « police-justice » imposent qu’un traitement de données personnelles – tel qu’un dispositif de vidéosurveillance – soit nécessaire, adéquat et proportionné à l’objectif poursuivi : https://eur-lex.europa.eu/legal-content/EN/TXT/?toc=OJ%3AL%3A2016%3A119%3ATOC&uri=uriserv%3AOJ.L_.2016.119.01.0089.01.FRA
On peut citer aussi l’article 8 de la CEDH (Cour Européenne des Droits de l’Homme) tel qu’interprété par la CESDH (Convention Européen de Sauvegarde des Droits de l’Homme) impose qu’une mesure de surveillance soit proportionnée à l’objectif poursuivi.
Ce projet d’installation de cameras de surveillance à Putanges le Lac est donc illégal autant vis-à-vis de la loi Française que de la loi Européenne.
Quels sont les emplacements PREVUS, pour l’imlantation des caméras ?
D’après l’autorisation préfectorale, voici les implantations prévues pour les 21 caméras :
– 1 caméra au 44, Rue du Dr Prodhomme, Putanges-Pont-Ecrepin,
– 3 caméras au Stade et Camping Municipal, Chemin du Friche, Putanges-Pont-Ecrepin,
– 1 caméra au 114, Chemin du Friche, Putanges-Pont-Ecrepin,
– 1 caméra au Terrain de Tennis Municipal, 306 chemin du Friche, Putanges-Pont-Ecrepin,
– 2 caméras au 24, Route de Falaise, Putanges-Pont-Ecrepin,
– 1 caméra au 2, Le Bas Buisson, Putanges-Pont-Ecrepin,
– 3 caméras au 2, Place Notre-Dame, Putanges-Pont-Ecrepin,
– 2 caméras au 8, Place de l’Hôtel de Ville, Putanges-Pont-Ecrepin,
– 1 caméra au Parking rue de La Forge, Putanges-Pont-Ecrepin,
– 6 caméras au Lac de Rabodanges, Les Chennevières, Rabodanges.
Un projet aussi important et inutile pour une si petite ville, ON SE DEMANDE POURQUOI ?
A ce jour, nous avons des doutes sur la société Video Concept et son dirigeant, Vincent Peru, car ce dernier conseille la plupart des collectivités de l’Orne qui veulent installer des caméras. Il siège également à la commission départementale des systèmes de Vidéoprotection qui accorde ces autorisations de déploiement de vidéosurveillance.
Cela nous semble être un conflit d’intérêt.
Je n’ai rien à cacher/rien à me reprocher. Pourquoi je devrais être contre l’installation de ces caméras ?
Nous avons tous une intimité, celle-ci est nécessaire à notre équilibre psychologique. Nous considérons que l’intimité existe aussi dans l’espace public. Elle doit être respectée afin qu’un climat d’autocensure généralisé, par peur de représailles ne s’installe et dégrade encore plus le vivre ensemble. Sommes-nous aujourd’hui regardés en permanence 24h/24 dans l’espace public ? Vous souvenez-vous des moindres faits et gestes des gens que vous y avez croisés?
C’est bien un changement radical de notre rapport à l’espace public et à la société qui s’installe et ce n’est qu’un début tant la technologie évolue et concrétise les archaïques fantasmes autoritaires.
Si vous n’avez rien à cacher ni rien à vous reprocher, alors seriez-vous d’accord pour que l’on vous installe des caméras dans votre salon?
Comme démontré dans l’excellent documentaire franco-allemand “Nothing to Hide” (https://www.youtube.com/watch?v=djbwzEIv7gE, https://deepdocs.eu) : “Dire que vous n’avez rien à cacher revient à dire que vous êtes contre la démocratie”.
De plus, c’est une lourde vision de la société qui se décide ici à notre place. Filmer l’espace public induit que les citoyens y sont suspects par défaut. Souhaitons-nous vraiment cela ?
Enfin, aujourd’hui les caméras sont utilisées d’après leur promoteur uniquement pour nous protéger (bien que n’ayant pas d’effet démontré comme vu plus haut). Une fois l’infrastructure en place, qu’est-ce qui nous garantit que la loi n’évoluera pas de nouveau comme le laisse penser ce récent projet de loi du ministère de l’intérieur (https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/textes/l15b5185_projet-loi#) afin de mettre en place un contrôle automatisé de vidéo-verbalisation, une reconnaissance faciale, et toute autre technologie déjà éprouvée par les régimes totalitaires dans le monde.
On peut citer aussi cet article de l’ONG Amnesty International, “Sept raisons pour lesquelles « Je n’ai rien à cacher » n’est pas la bonne réponse face à la surveillance de masse” : https://www.amnesty.org/fr/latest/campaigns/2015/04/7-reasons-why-ive-got-nothing-to-hide-is-the-wrong-response-to-mass-surveillance/
La gendarmerie ne peut pas faire son travail au lieu d’installer des cameras ?
La gendarmerie de Putanges est toute petite, et dépend d’Argentan. Ses effectifs sont faibles, et son rayon d’action dépasse de loin les frontières de la CDC.
La gendarmerie pousse à l’installation de ce système. Dans ce cas, est-ce que cela n’annonce pas la fermeture à terme de cette gendarmerie ?…
Il faut tout faire pour garder nos services publics au niveau local et la présence de gendarmes est en ce sens essentiel.
Mais depuis de trop nombreuses années, l’État préfère employer nos fonctionnaires pour faire des contrôles routiers, qui rapportent du chiffre, au détriment de la prévention et d’une présence humaine de terrain.
Ne faut-il pas protéger la Zone Industrielle des vols et cambriolages ?
Nous pensons que c’est aux entreprises privées de faire le nécessaire pour se protéger des cambriolages, et non à la commune de surveiller l’espace public. A chacun d’installer à ses frais un système de protection proportionné, système d’alarme ou autre, sans faire porter ce coût à la collectivité.
Rien ne remplacera une patrouille de gendarmerie pour surveiller la zone de temps en temps.
Ne faut-il pas protéger le terrain de sport (les jeux pour enfants, le lavoir et les infrastructures du camping…) des dégradations ?
A ce jour, nous n’avons aucun détail officiel sur les dégradations et leur coût autour du terrain de sport.
Au lavoir, les dégradations sont minimes : quelques écritures d’amoureux sur les poteaux.
Aux sanitaires, d’après nos informations officieuses, les réparations n’ont pas coûté cher (de l’ordre de 300 €).
Aux jeux, il nous a été remonté, toujours de manière officieuse, des brûlures sur les cordes des jeux, sans conséquence. Ces faits n’ont jamais été constatés par des parents ou des personnes lambda. Et personne n’a jamais vu l’entreprise responsable de l’installation de ces jeux, venir les “réparer”.
Ces dégradations nous semblent mineures, et plutôt symptomatiques d’une jeunesse qui s’ennuie. Nous pensons que faire plus de choses pour eux et avec eux, des endroits pour se retrouver quelque soit le temps et la saison, avec une présence humaine bienveillante, serait une meilleure solution qu’une réponse disproportionnée et mettant sous surveillance la totalité de la zone pour tous les promeneurs, pique-niqueurs, touristes et sportifs.
On peut citer par exemple comme infrastructures qui pourraient être utiles pour les jeunes, comme un Skatepark (éligible à la subvention DETR), et/ou comme moyens humains un animateur dédié aux adolescents, pour faire la médiation, le lien entre les jeunes et la municipalité, et les impliquer plus dans la vie locale.
Le risque aussi est d’avoir un lieu de vie très agréable déserté pour ne pas se retrouver tout le temps sous l’œil des caméras.
On note récemment la mise en place d’un “local jeune” avec des animations, et c’est une excellente initiative à encourager et développer.
Ne faut-il pas protéger les abords du lac de Rabodanges, des dépôts d’ordures sauvages et du stationnement gênant ?
Comme pour les autres exemples, nous n’avons pas de liste officielle. Des élus ont malgré tout posté quelques justifications sur les réseaux sociaux :
– Cannette par terre dans l’herbe
– Table de camping non débarrassée
– Camping car mal garé
– Déchets à côté de la poubelle pleine
Ces désagréments font partie de la vie de tout lieu touristique. Et plus le lieu est propre, moins on constate de déchets. C’est une technique souvent utilisée pour simplement éviter les dépôts d’ordures sauvages au bord des routes : les déchets laissés en appellent d’autres, et il suffit simplement que quelqu’un ramasse rapidement pour éviter que cela n’empire tout seul.
Il serait d’ailleurs illusoire de penser que les caméras vont résoudre le problème : nous doutons que quelqu’un qui laisse une canette ou un papier sur la table ne soit appréhendé par la Gendarmerie.
Enfin, la première des choses sûrement à faire est de vider les poubelles plus régulièrement, et éviter qu’elles ne débordent.
Il peut aussi être mis en place des nudges ou des affichages humoristiques pour inciter les personnes à déposer leurs déchets dans les poubelles (à condition qu’il y ait de la place dans ces poubelles !)
Tout cela coûterait à la fois moins cher, et serait plus efficace que l’installation et la maintenance de ces caméras.
Enfin, pour cette zone qui se veut touristique, mettre des caméras peut au contraire apporter un sentiment d’insécurité dans l’esprit des promeneurs : leur présence pourrait présager que le lieu n’est pas sécurisé, qu’il y a des vols, et donc, rebuter les touristes.
Quels indicateurs la municipalité prévoit-elle de mettre en place pour vérifier l’impact de la vidéosurveillance ?
A ce jour, nous n’avons aucune information sur d’éventuels indicateurs permettant de mesurer l’impact que pourrait avoir cette vidéosurveillance.
Et si les indicateurs ne démontrent pas une amélioration, les caméras seront-elles retirées ?
En estimant que des indicateurs fiables et non orientés soient mis en place, il serait illusoire de penser que les caméras seraient démontées si leur inutilité était avérée.
L’étude de David Torondel sur la vidéosurveillance dans les petites villes montre que le discours des élus est souvent a l’opposé de la réalité sur ces sujets.
Analyse d’efficacité de la vidéosurveillance, David Torondel : http://www.15h52.net/videosurveillance/
Près de chez nous, à Tinchebray, Jerome Nury affirme en 2018 que la délinquance a baissé, sans donner de chiffre précis. C’est donc juste un sentiment teinté de discours politique orienté, sans corrélation avec un indicateur fiable sur le terrain : https://actu.fr/normandie/tinchebray-bocage_61486/tinchebray-videoprotection-huit-ans-apres-plus-cameras-moins-delinquance_19658204.html.
Comment toutes ces vidéos vont être exploitées ?
D’après Mr Le Maire, ces vidéos seront visionnées uniquement s’il y a un constat de dégradations sur les infrastructures, délit ou crime. Ces vidéos seront visionnées en amont par Mr le Maire et ses adjoints et pourront être ensuite fournies à la gendarmerie. Rien ne nous assure réellement de cela.
La tendance actuelle est plutôt d’installer toujours plus de caméras. Ces caméras génèrent tellement de données que l’humain n’est maintenant pas capable de les traiter. La machine s’emballe, et on s’en remet donc aux intelligences artificielles pour les exploiter :
– Reconnaissance faciale
– Traçage des comportements “suspects”
– Vidéo-verbalisation automatique
– …
Pour l’instant, il y a un vide juridique sur ces solutions. Mais elles sont déployées avec l’accord de la CNIL à grande échelle pour expérimentation. Ces expérimentations pourraient vite devenir légales, pour éviter aux municipalités ayant investi dans de telles solutions de désinstaller leur logiciel à la fin de l’essai. On peut compter sur le lobby de la sécurité pour forcer en ce sens.
Que fait le collectif concrètement ? Quelles procédures sont mises en place pour contrecarrer, voire annuler ce déploiement de caméras de vidéosurveillance ?
Un recours administratif a été déposé au tribunal administratif de Caen.
Nous regardons ce que fait le conseil municipal, participons systématiquement aux conseils municipaux, réalisons des demandes de documents que nous mettons à disposition du public via notre site internet, organisons des manifestations ou des distributions de tracts dans vos boîtes aux lettres quand nous pensons qu’il est important de vous avertir.
Nous allons essayer d’organiser diverses manifestations dans le futur, tels que des piques niques citoyens ou des moments de rencontre entre habitants.